La chronique de mon curé...

Publié le par Albert Dugas

Notre paroisse a les plus vieux registres du diocèse et elle a comme curé le plus jeune curé de notre diocèse. Quelle grâce! Le père Serge Comeau est un vrai pasteur et il est très dynamique. Au lieu d’un œuf de Pâques, ce matin je vous offre en cadeau un texte savoureux comme du bon chocolat. Pour ce faire je vous citerai une partie de sa chronique intitulée JOYEUSES PÂQUES!

 Redevenir enfant

Pour Pâques cette année je voudrais redevenir l’enfant que j’étais il y a quelques années. C’est l’enfant en moi qui garde les plus beaux souvenir de Pâques… Je me souviens de la messe du matin de Pâques à laquelle je participais avec mon grand-père. Et au retour : les œufs en chocolat, les lapins en chocolat, les poules en chocolat, le sirop d’érable, le jambon…

 Pour annoncer Pâques cette année j’aimerais être une femme…

Parce que ce sont les dernières a désespérer, et ce sont les premières qui ont couru au tombeau de bon matin et qui ont annoncé la Bonne Nouvelle. J’aimerais être une femme pour apprendre la fécondité qui doit passer par la souffrance comme le grain de blé doit mourir pour porter du fruit. Ce sont elles qui enfantent. Ce sont aussi les femmes qui veillent pour attendre…le retour d’un enfant, la guérison d’un parent, la réconciliation avec un être aimé… comme j’aimerais être une femme pour venir au jour après des siècles d’indifférence et de mépris, pour saisir enfin que le jour est plus fort que les ténèbres.

 Pour Pâques j’aimerais être marié…

Goûter à l’intimité avec l’autre, se jeter dans ses bras et se savoir aimé. Se savoir compris avant même d "ouvrir la bouche. Être pauvre de tout pour se laisser enrichir de l’autre. Graver son nom dans mon cœur et le mien dans le sien. Connaître l’os de mes os et la chair de ma chair, être fécond pour "remplir la terre, être maître des oiseaux…" Parce que c’est cet amour conjugal que Dieu aime…C’est à cause de cet amour qu’Il ressuscite et qu’Il fait alliance avec nous.

 Pour entrer dans le mystère de Pâques je voudrais être un aîné…

De nos communautés. Pouvoir chanter et danser Pâques, non parce que je l’aurais lu, mais parce que je l’aurais vécu. J’aurais pu décanter de ma vie le meilleur…parler par expérience que le Christ accueilli dans une vie humaine donne la capacité de porter des doutes. Être fidèle dans les ténèbres à ce qui a été vu dans la lumière. Les aînés en nient pas, même dans les ténèbres, ce qu’ils ont vu dans la lumière, parce que dans la lumière on voit, et dans les ténèbres on sait qu’on ne voit pas. L’existence humaine au soir de la vie, c’est d’aller vers la lumière en lumière. À travers des tunnels d’obscurité.

 Pour vivre Pâques cette année, j’aimerais…

Être enfant, femme, marié, même aîné…je ne suis rien de tout cela; mon enfance appartient à ma mémoire, ma féminité à une partie de moi encore trop inexploitée, mon célibat demeure une décision assumée et la vieillesse saura bien me rattraper un jour. Et malgré le bonheur d’être ce que je suis, je ressens parfois un vide qui est aussi profond que l’écart entre ce que je voudrais être et ce que je suis. Un vide qui cherche à être comblé.

 Si ce vide était la condition nécessaire pour comprendre et vivre Pâques?

C’est un tombeau vide qui attendait les femmes le matin du premier nous de la semaine. C’est peut-être là que nous sommes attendus et conviés : aux lieux vides et prometteurs parce qu’ils ont l’espace nécessaire pour accueillir ce que nous cherchons; la paix et le silence d’un matin de printemps qui nous fait rêver que tout est possible.

 Pâques, c’est la fête des audacieux…

De ceux qui font confiance, qui ouvrent large les portes et les fenêtres. C’est la fête de ceux qui osent défier les conformismes sociaux en célébrant le Christ comme le centre de l’histoire et de nos histoires. C’est la fête de ceux qui ne veulent pas taire des réalités qu’ils "intuitionnent" dans leurs cœurs. C’est la fête de ceux qui réussissent à combler leur vie avec l’Essentiel qui ne se voit qu’avec le cœur. Je fais partie de ceux-là avec fierté et joie!

Cette chronique est tirée de L'Acadie Nouvelle, du 14 avril 2006. Ce journal est le seul quotidien francophone des Maritimes.

 

 

 

 

Publié dans espace-vie

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S
Merci d'avoir attiré mon attention sur cette chronique pleine de souffle de votre jeune curé. Que Dieu le bénisse ainsi que votre paroisse. Bravo aussi pour les autres articles de votre blog. Joyeuses Pâques
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