S’emprisonner soi-même
Un riche homme d’affaire se rendait au bureau chaque matin pour voir aux affaires de sa compagnie qui était très prospère. Depuis plus de deux mois, il s’y rend plus tard dans la journée et s’enferme dans son bureau n’en sortant que pour aller dîner. Habituellement, il y allait avec certains de ses proches collaborateurs mais maintenant il y va seul. Son attitude a changé et tout son entourage l’a remarqué. Toutes les rumeurs circulent sur son compte, on le croit atteint d’une maladie grave parce qu’il a perdu beaucoup de poids et qu’il a vraiment mauvaise mine.
Un matin où il était rentré beaucoup plus tard, il dit à sa secrétaire privée de ne pas le déranger et de retenir les appels. Sa façon d’être l’inquiète. N’étant pas sorti de son bureau pour le dîner, en fin d’après-midi elle décide de frapper à sa porte. Elle le trouve affaissé dans son fauteuil et en très mauvais état. Elle lui demande si elle doit appeler à l’aide, mais il répond qu’il n’est pas malade.
Il lui explique que sept ans passés sa fille de vingt ans a été tuée par son ami, qu’il n’a jamais pu faire son deuil et surtout qu’il n’a jamais pu pardonner à son meurtrier. Il lui explique que le meurtrier doit sortir de prison dans deux mois et que depuis plusieurs mois il n’arrive pas à dormir hanté par cette pensée. Non seulement il n’a pas pardonné mais il a l’intention de le tuer à la prochaine occasion. Il lui explique que c’est devenu une obsession, qu’il en a perdu l’appétit, qu’il ne peut plus dormir, pensant continuellement à la façon de mettre son projet en exécution.
Elle lui conseille d’aller voir un professionnel pour de l’aide. Hésitant, finalement il accepte. Il se rend chez un prêtre qu’il avait connu à l’université et en qui il avait confiance. Celui-ci réussi à lui faire comprendre que le pardon est un acte chrétien, que la miséricorde de Dieu est pour tout homme. Comme Dieu pardonne au pécheur, comme chrétien nous devons aussi pardonner.
Après avoir fait une démarche personnelle, cet homme décide de pardonner au meurtrier de sa fille, mais plus encore il veut le rencontrer à sa sortie de prison pour lui accorder son aide afin qu’il puisse refaire sa vie.
À partir de là il n’était plus le même. Il sait que pardonner ne veut pas dire oublier, que c’est supprimer l’injustice sans effacer la blessure, mais c’est aussi ouvrir un chemin de vie. Cet homme s’est rendu compte qu’il s’était emprisonner lui-même en ne pardonnant pas.
(Cette histoire n’est pas inventée, mais relève d’un fait vécu.)