Les mains ouvertes devant toi

(Ce matin je vous présente un très beau texte d'un prêtre que j'ai rencontré, l'abbé Jean Brassard.)

L'image prière du Congrès Eucharistique international de 2008, qui est maintenant disponible, nous montre des mains, beaucoup de mains.

Ce n'est pas la main aseptisée, la main contaminée, la main dangereuse, la main meurtrière, la main coupable. Ce n'est pas seulement la main lavée, qui comme Pilate s'en lave les mains! Pas plus que la main derrière laquelle on se dissimule, pour ne pas voir ou ne pas être vu. Ces mains ne sont ni ravageuses, ni baladeuses. Ces mains ne menacent pas, ne se pointent pas comme des mains accusatrices. Elles ne limitent pas l'espace, pas plus qu'elles ne se le réservent.

Toutes ces mains sont ouvertes, elles portent un objet, sont tendues vers les autres. Elles soutiennent ou élèvent, appuient, indiquent, signifient. Elles ont tous les âges, toutes les races. Elles passent de la parole au pain, de la nourriture ou du pain quotidien vers le pain éternel. Elles sont mains d'enfants, d'hommes et de femmes. Elles sont les mains de tous les métiers, comme de tous les loisirs, de tous les ouvriers du monde, comme de tous les bâtisseurs du Royaume de Dieu. Elles offrent le monde à Dieu, comme elles prient sur lui.

La main est signe d'humanité, quand elle se libère du sol, quand elle devient capable de cueillir et de donner. C'est là qu'elle peut aussi devenir la main qui caresse et celle qui berce. Elle devient la main des émotions et celle qui exprime l'intérieur et les sentiments du cœur. Toutes ces mains se font unanimes pour montrer la liberté. Les mains échangées au soir de la Cène, celles qui ont accueilli le pain et la coupe, se sont maintenant tendues au lendemain de la crucifixion, pour recevoir de nouveau

des mains qui peuvent transformer le monde, comme le pain et le vin deviennent corps et sang du Fils éternel. L'Eucharistie devient le signe de la main donnée du Christ au monde, la main de Dieu qui se fait don dans le Christ. L'Eucharistie c'est la main qui donne le pain à tous les convives et ce sont les convives qui tendent leurs mains comme les pauvres, ce sont des mains qui affirment qu'elles ont besoin de l'autre.

Les mains jointes des priants ne réclament rien, les mains étendues de l'orant déterminent un espace sacré, un lien que Dieu vient combler. Je veux donc que l'on prie en tous lieux, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement (1tim 2,8).

La main qui touche établit un état de proximité et garde tous les sens en éveil. On peut devenir témoin de ce que l'on a touché.

Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de la vie. Cela nous 
appartient maintenant de voir et de toucher, d'entendre et contempler de nos yeux. Cela nous appartient de prendre un frère, une sœur par la main et de le conduire vers demain.

OUVRONS NOS MAINS POUR ACCUEILLIR LE DON DE DIEU!